Le récent article de la Banque Centrale Européenne intitulé « ETF approval for bitcoin – the naked emperor’s new clothes » (traduit en français : « Approbation des ETF pour le bitcoin – le nouvel habit de l’empereur nu ») a suscité des réactions notamment sur X (anciennement twitter). Mais l’une des premières réactions vient de « Community Notes » de X ou Notes de la Communauté en français. En effet, l’article apporte des critiques négatives sur le Bitcoin notamment des critiques concernant le Bitcoin en tant que monnaie décentralisée, ses limitations en tant que moyen de paiement et d’investissement, les problèmes environnementaux associés à son exploitation minière, ainsi que les préoccupations concernant son utilisation dans des activités criminelles telles que le blanchiment d’argent et les paiements de rançon. D’où la réaction de « Community Notes » et des utilisateurs de X, qui ont apporté des informations avec des sources sures qui contredisent les points clés de l’article de la BCE sur le Bitcoin. Pour rappel, « Community Notes » sont des notes représentant essentiellement des ajouts en-dessous des tweets, de sorte à donner plus de contexte et des informations supplémentaires aux posts potentiellement trompeurs.
Les points de critique de la BCE
Comme annoncé ci-dessus, le blog de la BCE a publié un article critiquant le Bitcoin. Il a été rédigé par Ulrich Bindseil et Jürgen Schaaf qui occupent respectivement des fonctions de directeur général et de conseiller des infrastructures de marché et paiements à la BCE. L’article a été partagé sur X par le compte officiel de la BCE. Voici les principales critiques évoquées :
1. Échec du Bitcoin comme monnaie décentralisée : selon les rédacteurs de l’article, le Bitcoin n’a pas réussi à remplir sa promesse initiale en tant que monnaie numérique décentralisée mondiale. Il est critiqué pour ses transactions lentes et coûteuses, ainsi que pour son utilisation limitée en dehors du darknet, où il est principalement utilisé pour des activités criminelles.
2. Inadéquation du Bitcoin comme investissement : La BCE juge le Bitcoin inadapté comme investissement en raison de l’absence de flux de trésorerie, de dividendes et de bénéfices sociaux. Que les investisseurs inexpérimentés sont particulièrement exposés aux risques, attirés par la peur de manquer des opportunités. Ce qui peut entraîner des pertes financières.
3. Impacts environnementaux de l’exploitation minière du Bitcoin : Selon la BCE, l’exploitation minière du Bitcoin qui repose sur le mécanisme de preuve de travail, a un impact environnemental négatif massif. Son activité pollue l’environnement à grande échelle.
4. Utilisation du Bitcoin dans des activités criminelles : La grande banque associe le Bitcoin à des activités criminelles telles que le blanchiment d’argent et les paiements de rançon. L’article indique que le bitcoin reste le premier choix pour le blanchiment d’argent dans le monde numérique « avec des adresses illicites transférant 23,8 milliards de dollars en crypto en 2022, soit une augmentation de 68 % par rapport à 2021 ».
5. Manque de réglementation adéquate : Selon la BCE, les autorités de régulation, tant aux États-Unis qu’en Europe, sont critiquées pour leur approche insuffisante de la réglementation du Bitcoin. Les mesures prises jusqu’à présent sont considérées comme insuffisantes pour résoudre les problèmes liés à son utilisation dans des activités criminelles et ses impacts environnementaux.
6. La juste valeur du bitcoin est toujours nulle : Avec l’approbation des ETFs Bitcoin par la SEC (Securities and Exchange Commission) le 10 janvier 2024, la BCE pense que leur utilisation comme véhicule de financement ne change pas la juste valeur des actifs sous-jacents, tout en soulignant l’absence de valeur fondamentale.
Les corrections de « Community Notes » et des experts sur X
Avant de parler des éclaircissements de « Community Notes » ou Notes de la Communauté, faisons d’abord un petit rappel sur comment elles fonctionnent. Il faut savoir que « Community Notes » ne représentent pas le point de vue de X. Ces notes viennent des contributeurs et ne peuvent pas être éditées, modifiées ou supprimées par X. Si un nombre suffisant de contributeurs de différents points de vue jugent une note utile, celle-ci est affichée publiquement dans un post. Il s’agit d’un processus ouvert et transparent. C’est pourquoi l’algorithme est open source accessible au public sur GitHub, tout comme les données qui l’alimentent.
Après la publication de l’article sur X, des notes de la communauté ont été rajoutées en dessous du post de la BCE. Mais aussi, des utilisateurs de la plateforme, reconnus pour leur expertise, ont apporté des informations qui contredisent les points essentiels abordés dans l’article de la BCE :
1. Diminution de l’utilisation du Bitcoin dans des activités criminelles : La même source (Chainanalysis) utilisée par la BCE indique une baisse de l’utilisation du Bitcoin dans les activités criminelles en 2023, que vous pouvez lire ici. Seulement 0,34 % du volume des transactions avec les crypto-monnaies en 2023 était attribuable à des activités criminelles. La part du Bitcoin dans ce pourcentage est nettement inférieure à 25 %. Par contre, les transactions illicites en euros représentaient 1 % du PIB de l’UE, soit 110 milliards d’euros, en 2010. De plus, selon la Commission européenne, l’UE perd chaque année jusqu’à 1 000 milliards d’euros en raison de l’évasion fiscale et de la fraude fiscale. Les auteurs de l’article se sont référés aux chiffres de 2021-2022.
3. Bitcoin, un actif performant : Le bitcoin est l’actif le plus performant depuis 15 ans. D’ailleurs, l’euro comparé au Bitcoin, a perdu 99,5 % de sa valeur en moins de 10 ans. Il faut également rajouter la baisse du pouvoir d’achat de l’euro. Aujourd’hui avec l’inflation, les résidents européens se trouvent confrontés à des difficultés quotidiennement.
4. Bitcoin, une opportunité pour le développement durable : Les dernières publications académiques (University College London, University of North Carolina) indiquent que le Bitcoin peut être utilisé pour stabiliser les réseaux électriques et réduire les émissions de méthane.
5. Bitcoin, une monnaie décentralisée : pour la gouvernance du Bitcoin, il n’y a pas de rôles assignés à des individus. Les individus qui y participent sont interchangeables et ne sont pas nécessairement identifiés. Chacun a son petit pouvoir, mais personne ne contrôle le Bitcoin tout seul contrairement à l’euro.
En résumé :
La BCE (Banque Centrale Européenne), à travers son article posté sur X (anciennement Twitter) a mené des critiques à l’égard du Bitcoin, soulignant ses lacunes en tant que monnaie décentralisée, moyen de paiement, et investissement, ainsi que les préoccupations environnementales et les risques liés à son utilisation dans des activités criminelles. Cependant, les corrections apportées par « Community Notes » de X, ainsi que les informations fournies par des experts sur la plateforme, remettent en question certains points clés de l’article de la BCE. Ces corrections soulignent notamment une diminution de l’utilisation du Bitcoin dans les activités criminelles, le potentiel de Bitcoin comme actif performant et son rôle possible dans le développement durable. En outre, elles mettent en évidence les lacunes dans les sources d’informations de l’article de la BCE et remettent en question sa perspective sur la réglementation du Bitcoin.
Sources :
https://www.ecb.europa.eu/press/blog/date/2024/html/ecb.blog20240222~0929f86e23.en.html
https://www.chainalysis.com/blog/2024-crypto-crime-report-introduction/
https://transparency.eu/priority/financial-flows-crime/
https://x.com/ecb/status/1760580254920212640?s=20
https://help.twitter.com/fr/using-x/community-notes
https://twitter.com/StachAlex/status/1760649398554358155
https://www.forbes.com/sites/digital-assets/2023/09/21/why-bitcoin-mining-might-actually-be-great-for-sustainability/