Obligations & Rendements expliqués à un enfant

Obligations & Rendements

Si vous suivez l’actualité financière, vous avez sûrement beaucoup entendu parler des obligations et des rendements obligataires. Ils ont atteint des niveaux historiques jamais vu dans le passé.  Mais que sont-ils et comment fonctionnent-ils ? Le monde de la finance utilise des termes qui peuvent sembler complexes mais qu’en vérité, ils peuvent être très facile à comprendre lorsqu’on décide d’utiliser des expressions simples. Cet article s’adresse à des personnes souhaitant acquérir une connaissance de base du marché des obligations. Le but ici est de rendre les concepts plus faciles et plus compréhensibles.

Les points abordés dans cet article :

  • C’est quoi une obligation
  •  Comment elle fonctionne
  •  Le rendement
  •   Les différents types d’obligations
  •  C’est quoi une obligation à rendement négatif

C’est quoi une obligation ?

Prenons l’exemple d’un pâtissier qui a besoin d’un prêt pour financer l’achat d’un four à 10 000 euros pour sa pâtisserie. Il décide d’aller voir ses proches pour avoir cette somme d’argent (10 personnes lui prêtent 1000 euros). Finalement, il réussit à regrouper la somme avec les conditions suivantes : la durée du prêt sera de 4 ans et pour le risque de non remboursement, ses proches lui demandent une rémunération ou intérêt de 5% par an. Ce dernier accepte les conditions. C’est la même chose avec une obligation, C’est un instrument de financement de dette.

C’est un moyen utilisé par les entreprises et les gouvernements pour obtenir des emprunts. Donc une obligation est un prêt accordé à une entreprise ou à un gouvernement par un investisseur. L’objectif est de se financer directement auprès d’investisseurs souhaitant placer leur argent. En achetant des obligations sur le marché obligataire, l’investisseur procure dans l’immédiat de l’argent à l’entreprise ou à l’Etat qui lui verse ensuite des intérêts et procède au remboursement à une date prévue dans le contrat d’origine.

Dans notre exemple, le pâtissier représente l’entité émettrice. Il emprunte de l’argent en émettant une obligation (c’est-à-dire mettre en vente). Les proches du pâtissier, les 10 personnes, représentent les investisseurs. Ils « achètent » l’obligation en accordant un prêt.

Fonctionnement

Comme pour tout prêt, l’investisseur qui a acheté l’obligation reçoit des intérêts sur l’argent prêté et recevra la somme prêtée à une date future déterminée (date d’échéance). L’entreprise ou le gouvernement qui a collecté les fonds peut désormais l’utiliser pour soutenir des opérations ou des investissements. Comme tout prêt comporte des risques, les investisseurs feront face au risque de défaut.

Le « risque de défaut » perçu de l’emprunteur (c’est-à-dire le risque que le prêt ne soit pas remboursé) détermine le taux d’intérêt que les investisseurs exigeront comme compensation pour prendre ce risque. L’intérêt est appelé « coupon » de l’obligation. Plus le risque est élevé, plus le coupon devient élevé (le taux) et vice-versa (plus le risque est faible, moins est le coupon).

Reprenons notre exemple. Imaginons que les 10 000 euros empruntés sont composés de 10 titres. Chaque investisseur a donc acheté 1 titre. On aura 10 titres de 1000 euros chacun. Les 1000 euros sont appelés valeur nominale ou faciale de l’obligation. Pour le taux d’intérêt de 5%, il est appelé taux nominal ou facial. L’intérêt perçu, appelé coupon est versé chaque année aux porteurs de l’obligation, c’est-à-dire les investisseurs. Le coupon sera donc 5 % de 1 000 euros (valeur nominale) soit 50 euros.

Le rendement

Le rendement de l’obligation c’est ce que rapporte la possession de l’obligation. Il existe 2 taux de rendements : le taux nominal ou facial et le taux actuariel. Ces 2 taux sont différents même s’ils sont égaux à l’émission de l’obligation. Ils varient au fil du temps.

  • Taux de rendement nominal : comme vu précédemment, ce n’est que le rendement qu’un investisseur gagnerait s’il achetait une obligation et la détenait pendant un an. Son calcul est très simple, il s’agit de faire le rapport entre le montant du Coupon annuel sur le Prix d’acquisition de l’obligation. Dans notre exemple, les investisseurs du pâtissier auront un rendement égal à 5% par an, le coupon annuel de 50 euros divisé par le nominal 1000 euros (50/1000= 5%).

Si échéance 1 an : 1000 € + (1000 € x 5 %) = 1050 € ; Donc les investisseurs du pâtissier toucheront au total 1000 euros (remboursement) + 50 euros =1050 euros.

  • Taux de rendement actuariel : représente le rendement qu’un investisseur gagnerait s’il achetait une obligation et la détenait jusqu’à l’échéance (lorsque le capital est remboursé en totalité), c’est la somme des valeurs actuelles des flux futurs reçus. Ce taux est déterminé en faisant la somme du coupon annuel plus la valeur nominale sur le prix d’achat [(coupon + valeur nominale) / Prix d’achat – 1]

Toujours avec l’exemple du pâtissier, ses investisseurs auront un rendement de 21,55%) à l’échéance (à la fin des 4 ans) : (50 + 1000/1000) ^4 – 1 = 21,55% soit un montant de 215,51 € (=1000*21,55%). Ce montant correspond aux flux futurs du placement.

Ils peuvent espérer toucher à la date d’échéance : 1000 (remboursement) + 215,51 (flux futurs) = 1215,51€

Les 1215,51 € représentent la valeur future des 1000 €.

On peut également utiliser la méthode des intérêts composés pour déterminer directement la valeur future. Cela veut dire que l’intérêt est réintégré chaque année au capital (prix d’acquisition) et porte lui-même intérêt : 1000 € (1+ 5 %) ^4 = 1215,51 €.

Cependant, il est important de noter 2 choses sur le rendement des obligations :

  1. Les obligations sont cessibles et négociables avant leur date de remboursement. Leur prix fluctue (hausse/baisse) sur le marché en raison de divers facteurs (le taux d’intérêt du marché, le profil de risque de l’émetteur). Ce qui rend les rendements obligataires dynamiques. Supposons qu’un des investisseurs du pâtissier décide de vendre son obligation a une nouvelle personne pour 700 €. Le rendement pour le nouvel investisseur sera de 7,14% (50 € / 700 €).
  2. Leur prix évolue en fonction de l’offre et de la demande. Une demande accrue augmente le prix de l’obligation et fait ainsi baisser le rendement (et vice versa) :
  • Lorsque le prix d’une obligation augmente, son taux de rendement diminue puisqu’en la payant plus cher, on aura un rendement plus faible.
  • Lorsque le prix d’une obligation diminue, son taux de rendement augmente puisqu’en la payant moins cher, on aura un rendement plus élevé.

Les types d’obligations

Sans beaucoup rentrer dans les détails, il faut savoir qu’il existe 3 types d’obligations :

  •     Les obligations à taux fixe : sont des obligations dont le coupon (les intérêts) est fixé à l’avance dans le contrat d’émission.
  •     Les obligations à taux variable : sont des obligations dont le coupon est indexé sur un indice de taux mentionné (le LIBOR par exemple) dans le contrat d’émission et qui varie au cours d’une période de référence.
  •  Les obligations Assimilables du Trésor : sont des emprunts obligataires émis par l’Etat.

C’est quoi une obligation à rendement négatif ?

Un investissement est supposé ramené un rendement positif mais pour la première on voit des obligations à rendement négatif. Alors pour expliquer les obligations à taux de rendement négatif, nous l’abordons avec deux questions : comment les taux passent de positif à négatif et pourquoi certains investisseurs y mettent leur argent ?

Comment les taux passent-ils de positifs à négatifs ?

 Avec la théorie monétaire moderne, on voit de plus en plus de taux négatifs. En effet, la dernière décennie a vu les banques centrales sortir leur bazooka pour injecter des milliers de milliards pour soutenir leurs économies. Cette politique monétaire passe par la baisse des taux d’intérêts (taux du marché), qui a un impact sur la sensibilité des obligations. C’est-à-dire, il existe une relation entre le taux d’intérêt de la BCE et des obligations européennes par exemple. Au fait, le prix d’une obligation dépend de la hausse ou de la baisse des taux du marché, soit la relation suivante :

  • Hausse des taux de marché = baisse du prix
  • Baisse des taux de marché = hausse du prix

Donc une Baisse des taux de marché = Hausse du prix de l’obligation => Baisse taux de rendement. D’où des rendements négatifs ou proche de 0.

Donc une obligation à taux négatif signifie que le détenteur de l’obligation perd de l’argent sur l’investissement. C’est comme une taxe que le détenteur paie.

Reprenons encore notre exemple avec le pâtissier pour illustrer comment cela fonctionne. Supposons qu’un des investisseurs décide de vendre son obligation à la 3éme année à un autre investisseur pour 1100 euros. Sachant que l’échéance est dans 1 an, le rendement sera pour le nouvel acquéreur :

[(50 € + 1 000 €) / 1 100 €] – 1= – 4,54% (rendement négatif)

Pour que le taux de rendement soit négatif, il faut que le prix d’acquisition de l’obligation soit supérieur à la valeur future de l’obligation (tous les futurs paiements de coupon plus la valeur nominale).

Pourquoi certains investisseurs y mettent leur argent ?

Certains investisseurs, en majorité les investisseurs institutionnels sont prêts à achetés des obligations à rendement négatifs à cause de la sécurité et la liquidité qu’elles offrent. Ils payent un peu plus que la valeur nominale pour des obligations d’État et d’entreprises de haute qualité. Ces types d’obligations offrent plus de sécurité, elles sont moins risquées par rapport aux actions. Les investisseurs sont quasiment sûrs d’être remboursés à l’échéance.

 

En résumé il faut retenir qu’une obligation est un titre de dette qui fonctionne, sur le plan financier, comme un emprunt bancaire mais elle a la particularité d’être cessible et négociable avant la date de remboursement auprès d’un tiers si l’investisseur souhaite s’en débarrasser. Dans notre monde moderne, les taux de rendement ont atteint des niveaux historiquement bas. Cela est dû au manque de visibilité sur l’économie et les taux bas des banques centrales créant ainsi une bulle obligataire. Par ailleurs les obligations sont considérées comme étant des instruments plus sûrs par rapport aux actions. En Europe et un peu partout dans le monde, on voit des taux de rendement négatif. 

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